Après avoir compilé 13 000 analyses de la répression des fraudes effectuées entre 2012 et 2017, l’association Générations Futures a listé les fruits et légumes non bios qui contenaient le plus de résidus chimiques et ceux qui en contenaient le moins.

« Salade de fruits, jolie, jolie, jolie… ». Va-t-il falloir reformuler les paroles de la chanson de Bourvil? Le fait est que nos fruits, mais aussi nos légumes, ne sont pas aussi jolis qu’ils le laissent paraître. D’après un rapport de l’association écologiste Générations Futures dévoilé ce jeudi, les cerises, pêches, fraises, laitues, endives ou herbes fraîches non bios que l’on consomme en France contiennent tous plus ou moins de résidus d’insecticides et fongicides chimiques de synthèse. Ces fameux produits phytosanitaires destinés à protéger les vergers et zones de maraîchage des attaques de « ravageurs ».

Les résidus de pesticides faisant l’objet de plans de surveillance annuels réalisés par la direction des fraudes (DGCCRF), l’ONG a compilé les données de 2012 à 2017. Soit le résultat de 13 000 analyses effectuées sur 18 types de fruits et 32 espèces de légumes. « Sur cette période de six années, il en ressort que 71,9 % des échantillons de fruits contenaient des résidus de pesticides (NDLR : avec dans 2,9 % des cas un dépassement de la limite maximale autorisée), détaille Générations Futures. Pour les légumes, 43,3 % des échantillons contenaient des résidus ».

Les cerises vulnérables

Dans le détail, on découvre que certains fruits et certains légumes sont plus ou moins assaisonnés aux produits de synthèse que d’autres. « La cerise, (89 % des échantillons), la clémentine/mandarine (88,1 %), le raisin (87,3 %), les nectarines (83 %), les fraises (82,9 %) et les oranges (81,2 %) sont tout en haut du classement alors que les prunes, les avocats et les kiwis sont moins concernés par la présence de pesticides ».

Quels fruits et légumes contiennent le plus de résidus de pesticides ?

« Pas étonnant, répond le secrétaire général de l’interprofession fruits et légumes Daniel Sauvaitre. Le kiwi est un fruit qui a moins de ravageurs connus et a donc naturellement moins besoin de protection. Les cerises en revanche subissent, entre le moment de la floraison et la cueillette, de nombreuses attaques de mouches. Quant au raisin, il subit non seulement le mildiou mais aussi le ver de la grappe et des attaques de mouches qui rendent les fruits inconsommables ». Pour les légumes, les betteraves, les asperges et le maïs doux contiennent moins de traces de produits chimiques que les herbes fraîches, les laitues ou les endives.

Des traitements en augmentation

« Quand vous sortez de terre une asperge, elle a été totalement préservée des traitements éventuellement réalisés en surface contrairement à une salade » fait remarquer Daniel Sauvaitre. Mais pour le directeur de Générations futures, François Veillerette, il est « urgent d’informer les consommateurs en leur donnant une vision claire des résidus de pesticides qu’ils ingurgitent ».

 

Et le militant écologiste de conseiller aux consommateurs l’ achat de fruits et légumes bio. « Malgré deux plans écophyto censés réduire l’utilisation de ces produits chimiques, la fréquence des traitements a augmenté de 12 % entre 2009 et 2018, ce qui prouve que la dépendance aux pesticides est loin d’être derrière nous ».

Quand le bio n’est vraiment pas bio

Certains œufs dits « bio » contiendraient plus de polluants que leurs homologues conventionnels. /LP/OLIVIER BOITET

Les ONG écologistes appellent systématiquement à passer au bio pour échapper aux pesticides. Sauf que, selon un banc d’essai réalisé sur 130 produits par le magazine 60 Millions de consommateurs, ce « logo qui fait figure de graal est loin d’être sans failles ».

Ainsi certains œufs et laits contiendraient plus de polluants en bio que leurs homologues conventionnels. D’après les tests du magazine, certaines huiles bio recèlent des plastifiants, notamment des phtalates. En outre, ajoute ce hors-série, « rien n’interdit à l’agriculteur bio de s’installer sur un sol contaminé ou à proximité d’une source de pollution (dioxine, PCB) ».

La Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) le reconnaît : « Alors que le label bio impose aux paysans et paysannes des exigences fortes de production, leurs animaux, leurs fruits, leurs légumes sont exposés à la pollution qui nous entoure, plus que des animaux élevés en batterie ou des fruits et légumes produits hors sol. »