Sous la lumière artificielle, jaillit le blanc immaculé des murs d’une salle asceptisée. Deux robots s’affairent comme des parents veillant sur leurs petits, en l’occurrence des salades parfaitement alignées dans des bacs en plastique, les racines baignant dans un liquide nutritif élaboré pour obtenir une croissance optimale. Les tâches sont soigneusement réparties : le premier robot patrouille dans la pièce, inspecte chaque bac avant d’en saisir un et de l’apporter au second. Celui-ci est chargé de la cueillette. Grâce à sa vision stéréoscopique fournie par deux caméras et son bras articulé terminé par une pince métallique, il prélève délicatement les laitues qu’il juge prêtes pour la consommation. L’opération terminée, il doit encore s’occuper de replanter des plants pour la prochaine récolte, pendant que son collègue sur roues poursuit sa ronde… Ici pas d’humains, pas de repos, pas de saisons.

Les salades parfaites d’Iron Ox sont vendues dans des épiceries de San Carlos, Californie

Dystopie ? Pas vraiment. Cette usine existe bel et bien. C’est même la première « ferme » au monde entièrement automatisée. Opérationnelle depuis moins d’un an, elle a été conçue par Iron Ox, une start-up américaine installée à San Carlos au cœur de la Silicon Valley (Californie, États-Unis). Son ambition est claire : inventer le modèle agricole du XXIe siècle, à la fois urbain et ultra-technologique. Au premier abord, ses arguments écologiques et sanitaires ont de quoi séduire. Les légumes poussent hors sol, en milieu hydroponique, une technique qui permet une économie d’eau de 90 % par rapport à l’agriculture en plein champ, et ce avec un rendement qui pourrait être 30 fois supérieur selon Iron Ox. La culture se fait en ville, à proximité des lieux de consommation afin de réduire l’impact environnemental du transport.